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La grande démission

La démission silencieuse propulse l’expérience collaborateur au cœur du recrutement

Quit my job : mode éphémère ou tendance virale ? En 2021, le phénomène de la grande démission déferle sur la France en situation post-COVID. La crise sanitaire a ouvert les yeux et réveillé les consciences de la population active. Plus de 500 000 salariés quittent leur entreprise. Que cherchent-ils ? Quête de sens, meilleures conditions de travail, équilibre personnel et professionnel sont les trois critères notables qui émergent des sondages. Pour autant, « the big resignation » témoigne aussi de la reprise du marché de l’emploi. Comprendre la grande démission replace l’expérience collaborateur au cœur de l’entretien d’embauche. Alors que La Fontaine différenciait le rat des villes de celui des champs, le recruteur moderne doit, au contraire, offrir la parfaite osmose entre un monde plus vert et une vie socioprofessionnelle épanouissante.

La grande démission : le reflet d’un monde professionnel multifacettes

La France surfe sur la vague démissionnaire américaine

 

La grande démission, traduction de la « big resignation » aux États-Unis touche la France dès la fin de l’année 2021. La pandémie COVID a semé le doute dans l’esprit des salariés. Le télétravail a ouvert les yeux sur un confort de vie perdu : temps gaspillé dans les trajets, stress des horaires, etc.

 

La France qui travaille remet en cause son modèle de vie. Est-ce vraiment utile de se tuer à la tâche sans profiter de ses enfants, de sa maison et de quelques loisirs ? Encore frileuse pendant la crise sanitaire, la population active réagit avec la reprise économique et fait le pas de quitter son emploi.

 

Ainsi, quelque 520 000 personnes par trimestre (dont 90 % en CDI) rompent leur contrat de travail entre la fin 2021 et le début 2022. Ce chiffre rivalise avec le record de 2008 (510 000 démissions).

 

👉 En juin 2022, 37 % des salariés souhaitent quitter leur poste.

Un marché du travail dynamique

 

Néanmoins, le site officiel du Gouvernement tempère la portée des statistiques. Le marché de l’emploi est tendu. Les difficultés de recrutement sont au plus haut et dépassent les chiffres de 2008, notamment pour les industries manufacturières, le bâtiment et les services. 

 

Changer d’entreprise impacte le taux de démissionnaires. Les salariés quittent leur travail, certes, mais en intègrent un autre à niveau équivalent et dans le même secteur. En effet, 80 % d’entre eux sont à nouveau en poste dans les 6 mois.

 

D’autres opèrent un virage à 180° et se lancent dans l’entrepreneuriat. Selon l’INSEE, la création d’entreprises, notamment individuelles, a le vent en poupe.

 

Type d’entreprises créées

2020

2021

2022

Toutes entreprises confondues

900 200

1 050 500

1 071 900

Autoentreprises uniquement

548 300

638 800

656 400



En conclusion, le taux de démission est un indicateur cyclique. Il baisse pendant la crise et grimpe en période de reprise économique. 

 

La grande démission révélerait donc également un marché du travail dynamique où les salariés gagnent en pouvoir de négociation. Grand bien leur fasse !

 

Le quiet quitting ou démission douce

 

Phénomène nouveau : les salariés ne se concentrent plus que sur les tâches relevant de leur fiche de poste. Ils refusent d’accumuler les heures supplémentaires. Ils déclinent les missions hors de leur périmètre de fonctions. On parle alors de « quiet quitting » : une démission douce justifiée, avant tout, par la sauvegarde de la santé mentale.

 

Les termes de brown-out (perte de sens du travail) et de bore-out (ennui au travail) aggravent les statistiques de burn-out.



👉 Juin 2022, 41 % des collaborateurs sont en détresse psychologique.

Comprendre la grande démission : l’enjeu des ressources humaines

La qualité de vie au travail au centre du débat

 

Selon le sondage Opinion Way 2022, les cinq raisons qui justifient l’envie de quitter son poste sont dans l’ordre :

 

  1. la rémunération ;
  2. la reconnaissance ;
  3. l’évolution professionnelle ;
  4. l’ambiance au bureau ;
  5. le management.

 

Ce même sondage révèle que 75 % pensent que l’employeur doit faire des bilans pour connaître l’état de bien-être des salariés (#QVT). L’heure est à la prise de conscience et à l’écoute.

 

Que recherchent les candidats ?

 

  • La moitié veut que son bien-être soit une priorité pour le recruteur.
  • Le tiers regarde les politiques QVT et RSE de l’entreprise où il postule.
  • Le tiers a besoin de comprendre l’utilité de sa tâche.

 

Le télétravail : un élément déclencheur ?

Des conséquences douloureuses

 

Souvenez-vous : 17 mars 2019, il est midi, E. Macron exhorte les employeurs à renvoyer leurs salariés chez eux. Les Français découvrent les joies (et les peines) du télétravail. Entre la visio de 10 h (que la plupart ne savent pas encore faire fonctionner), le cours de maths du cadet et l’attente de 45 minutes devant le supermarché, les semaines ressemblent subitement à un chaos tant organisationnel qu’émotionnel.

 

Pour l’Institut National de Recherche Scientifique, le bureau à domicile dégrade la qualité de vie : augmentation et complexification de la charge de travail, isolement, porosité entre le monde professionnel et privé.

Enfin, last but not least, le questionnement sur le sens de sa mission.

À ces risques psychosociaux, s’ajoutent ceux physiques, inhérents aux postures sédentaires et à l’aménagement du plan de travail.

 

👉 Entre la fin de l’année 2021 et le début 2022, les cas de burn-out croissent de 25 %*.

👉 46 % des salariés en télétravail sont en détresse psychologique contre 40 % en présentiel.

 

* Le baromètre Empreinte Humaine T8 évoque le travail à distance, comme responsable.

L’éveil des consciences

 

Pour autant, nombre de salariés voient leur cadre de vie s’améliorer. En témoignent les locations en milieu rural et en bord de mer. Les citadins en télétravail quittent les mégapoles pour la campagne. Nos rats de villes rejoignent leurs collègues des champs.

 

Pour les Français, le télétravail en zone verte :

 

  • réduit le stress (notamment des déplacements) ;
  • contribue à protéger l’environnement (baisse des émissions de CO2) ;
  • aide à la concentration (calme) ;
  • favorise les moments conviviaux en famille.

 

👉 Selon France Info, entre avril 2020 et avril 2021, les départs de Paris ont augmenté de 34 % quand les arrivées ont diminué de 12 %.

Le cas des managers

Stress et épuisement justifient la démission des fonctions managériales. La crise sanitaire les a particulièrement affectés. Ils ont dû simultanément et sans préparation :

 

  • organiser le télétravail ;
  • s’assurer de la motivation des salariés à domicile ;
  • soutenir émotionnellement leurs collaborateurs ;
  • garantir la cohésion des équipes désormais virtuelles.

 

👉 7 salariés sur 10 ne souhaitent pas devenir managers et 1 manger sur 3 regrette de tenir cette fonction.

La détresse psychologique concerne 43 % des managers (10baromètre Opinion Way)

 

L’expérience collaborateur, la réponse des recruteurs

2023 : le travail hybride mise sur l’écoute du salarié

 

Le niveau de tolérance des candidats diminue. Le job idéal du salarié 4.0 garantit l’équilibre de vie professionnelle et personnelle. Il maintient un lien social avec les collègues et les partenaires (clients, fournisseurs, etc.).

Éric Vincent, dans son ouvrage Les Fabuleuses Fables Managériales, conseille à « tous les salariés d’aujourd’hui et de demain de choisir sans concession, il en va de leur bonheur ». 

 

Les services de ressources humaines se tournent alors vers une organisation hybride et agile. Le modèle de demain sera celui qui s’adapte le mieux à chaque employé, celui qui lui offre une meilleure expérience collaborateur. 

 

Le Top Employer Institute annonce trois grands axes pour le monde professionnel en 2023 : flexible, personnalisé et attentif à la santé mentale.

 

  1. Les horaires sont adaptés, le télétravail optimisé et non plus imposé (flextime).

👉 70 % des Top Employers prennent en compte les besoins réels de chacun.

 

  1. Une politique de feedback constructive et empathique est mise en place. Les enquêtes de satisfaction a posteriori se transforment en stratégie d’écoute dès le lancement du projet.

👉 79 % des Top Employers demandent un retour très tôt dans le processus.

 

  1. La raison d’être de l’entreprise est authentique et incarnée.

👉 78 % des Top Employers intègrent leurs salariés dans la proposition de valeurs.

 

Selon le sondage Opinion Way de novembre 2022, 74 % des cadres qui télétravaillent au moins 3 jours par semaine apprécient l’organisation hybride. 79 % d’entre eux déclarent gagner en efficacité.

Les 5 KPI d’une expérience collaborateur réussie



Selon le 2023 Employee Experience Trends Report France, 5 indicateurs de performance témoignent de la relation des salariés à leur travail. 

Satisfaire les collaborateurs sur ces 5 KPI, c’est diminuer la courbe des départs.

 

  1. L’engagement

Le salarié est convaincu du bien-fondé et de la qualité des produits ou des services de son entreprise. Il en comprend les valeurs et s’inscrit dans un avenir de progression professionnelle interne.

 

  1. L’intention de demeurer en poste

Il croit aux valeurs de l’entreprise et les incarne. Il voit chez son supérieur un allié.

 

  1. L’expérience vécue comparée aux attentes

Il se sent rémunéré à sa juste valeur et fait confiance aux méthodes de travail de l’entreprise. Le poste répond à son propre mythe originel.

 

  1. Bien-être

Il croit aux méthodes employées et fait confiance à son supérieur hiérarchique. Il se sent en terrain propice au développement de sa carrière.

 

  1. Inclusion

L’ensemble des employés respectent les mêmes normes éthiques. Il se sent écouté et soutenu par son supérieur pour faire évoluer sa carrière. Son besoin d’appartenance est satisfait.



La grande démission modifie le panorama du marché de l’emploi français. Elle reflète un nouveau regard des salariés sur leur vie professionnelle et sur le monde en général. Pour répondre à leurs attentes, les recruteurs proposent des postes flexibles, agiles qui offrent une expérience collaborateur optimale. Car oui, embaucher est une chose, mais le vrai challenge en 2023, c’est de garder ses talents.

Désormais, rats des villes et rats des champs ne font plus qu’un.




Nos sources

 

Baromètre T10 Opinion Way

Santé et sécurité au travail

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