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Volcanic tire le portrait de 2 stakhanovistes de l’évènementiel, graphistes

Échanger avec un graphiste sur son job, son quotidien, sa vie, c’est bien. Mais discuter avec deux graphistes qui vivent et travaillent ensemble de chez eux, c’est doublement bien ! « Vcomme » c’est le nom de l’agence que Vincent et Virginie ont fondée en 2005. 2 cerveaux et 4 mains aux parcours différents mais qui se complètent parfaitement avec pour point commun l’humilité, la discrétion et l’amour du travail bien fait au service du client.

« Vincent gère plus les relations clients, je préfère rester à travailler derrière mon écran »

Des caractères et une façon de travailler qui se combinent parfaitement, c’est sans doute la recette de la réussite au travail. Mais quand on bosse en free, ça ne suffit pas. Il faut aussi « ne pas avoir les 2 pieds dans le même sabot et être débrouillard » comme le dit Vincent dont la formation initiale, psychologue clinicien, ne le destinait pas vraiment au graphisme. C’est sa passion pour les jeux de plateaux qui lui a ouvert les portes du monde merveilleux de l’évènementiel. Via une association, il participe à des fêtes de villages. « On faisait jouer les gens, jusqu’à 1000 personnes, ensemble, à plus de 200 jeux différents ». Et comme il se débrouille bien, il est repéré par des éditeurs de jeux qui lui demandent de tenir leurs stands sur des salons. C’est là qu’il rencontre en 98 l’une des plus grosses agences évènementielles de France à l’époque, qui lui propose un CDI. « C’était un peu l’armée mexicaine, avec que des chefs. Une grosse boîte avec un fonctionnement assez lourd et assez politique, ce qui ne me plaisait pas trop. J’ai préféré démissionner au bout d’un an. »

Le monde de l’évènementiel étant tout petit, un free avec qui Vincent avait travaillé lui donne le numéro de Volcanic. Une semaine plus tard et après une heure de rendez-vous, Vincent est embauché. « Je n’avais pas vraiment de métier à l’époque. Je faisais ce qu’on me disait, je me débrouillais ». Au bout d’un an, Éric le patron de l’agence lui demande ce qu’il aimerait faire. « J’avais bidouillé un peu de graphisme alors c’est ce que j’ai choisi. Et Volcanic m’a financé une formation en PAO pour devenir graphiste ».

Pendant ce temps-là, Virginie de son côté s’est formée dans un IUT puis en école de communication en alternance. Pour effectuer un stage, elle envoi un CV à Volcanic. « J’avais fait mon CV sous forme d’un PPT. Ça n’était pas commun à l’époque et Vincent l’a trouvé intéressant. Il l’a transmis à Éric, même si celui-ci avait eu une mauvais expérience avec un stagiaire précédent. J’ai décroché un rendez-vous, et suis restée pour effectuer mon alternance comme chargée de com, mais ça n’était pas ce que je préférais ». En travaillant avec Vincent elle découvre elle aussi le graphisme, et c’est le déclic. A la fin de son alternance, Virginie souhaite devenir graphiste indépendante.

A peu près à la même époque, Vincent s’interroge car Éric souhaite qu’il fasse de la production et de la logistique. La graphisme c’est bien beau mais ça ne suffit pas. Mais ça n’est pas l’avis de Vincent. « Je suis attaché à l’objet, au papier ». Il décide alors de démissionner pour travailler en free. « Ça s’est fait naturellement, sans aucune amertume ou rancœur d’un côté comme de l’autre ». Quelques mois plus tard, il est rejoint par Virginie, et ensemble ils créent Vcomme. « Nos tempéraments sont différents, et complémentaires. Vincent s’occupe plus du relationnel, des clients et se déplace si besoin, ce qui au final est assez rare. Je préfère rester à travailler à la maison. On est un peu comme dans une tour d’ivoire mais ça nous convient. Et au final on travaille toujours pour Volcanic, ainsi que pour d’autres agences ».

 

« Je ne fais pas de l’art, je suis un artisan »

Travailler chez soi, en vase clos, en ayant peu de contact avec le monde extérieur ne convient pas à tout le monde. Mais pour Vincent et Virginie c’est un choix de vie. « Nous travaillons essentiellement pour des agences, et donc des chefs de projets. Nous rencontrons rarement le client. Pour un client un événement est souvent le clou de son année, qu’il s’agisse d’une plénière ou d’un lancement de produit. Et c’est beaucoup de stress. Le chef de projet va servir de tampon, en absorbant en partie ce stress. C’est plus facile ensuite de travailler. »

Depuis quelques années, les délais d’organisation d’évènements se sont considérablement raccourcis. « Les graphistes arrivent souvent en bout de chaine du projet. On travaille en moyenne avec un délai maximum de 2 semaines sur de nombreux projets. Il faut travailler vite. Virginie et moi nous connaissons bien, ce qui nous évite de perdre du temps. Et puis en travaillant à domicile on peut étirer ses horaires, bosser le weekend et de n’importe où. Pour le client final ça ne fera aucune différence ».

A écouter Vincent et Virginie, le stress ne fait pas vraiment partie de leur quotidien. « Pour faire simple on reçoit un document Word qui explique l’événement et le projet, et on doit en faire quelque chose de joli, en un temps limité ». Quand ils disent « joli », ils parlent de travail soigné, propre, et qui corresponde aux goûts et aux attentes du client. « Notre travail n’est pas de l’art. Peu importe que nous trouvions ça beau ou non. Ce qui compte c’est que le travail soit bien fait, et qu’il plaise au client ». Pour Vincent et Virginie, il y a de la noblesse à être un artisan.

 

« Dans l’évènementiel, il n’y a pas que la taille qui compte »

Cela fait plus de 13 ans que Vcomme existe. Au fil du temps, l’agence a créé des liens privilégiés avec plusieurs agences avec qui elle collabore régulièrement. « L’évènementiel est un petit monde. Plus on connaît les gens, plus on travaille vite et bien. Si on perd une semaine à se comprendre, à tâtonner sur un projet qui doit être terminé en 2, c’est mort. On ne peut pas se le permettre ».

Grâce à ces liens, Virginie et Vincent peuvent travailler sur des évènements récurrents. Loin d’être ennuyeux, ils les abordent comme des « récréations ». « Nous aimons beaucoup les évènements récurrents, comme quand un client organise chaque année le même événement – même format, même date – mais que la thématique change. Cirque, western, Bollywood, Noir et Blanc…C’est à chaque fois différent. Et comme on se connaît bien on a presque carte blanche et c’est amusant ».

Pour Vcomme, c’est sans doute un « petit » dossier en termes de temps, voire de budget. Mais le plaisir n’est pas une affaire de budget. On peut le trouver n’importe où, sur un petit ou un gros projet comme pour un autre géant mondial du secteur agroalimentaire. Alors que la durée moyenne d’un projet est de 2 semaines, celui-ci leur a pris un bon mois et demi avec toute la com visuelle à faire. « Pour cet événement les contacts de l’agence étaient répartis un peu partout, en Russie, au Canada. Les infos et les retours clients nous parvenaient à toute heure du jour et de la nuit avec le décalage horaire. Si nous avions travaillé en agence, avec des horaires de bureau, nous n’y serions pas arrivés en si peu de temps. C’était très intense ».

Travailler à domicile (ou en « home office » comme disent certains) ne nuit donc pas à la créativité et à la réactivité, n’en déplaisent aux défenseurs de l’open space. Mais parfois il faut sortir de chez soi et de sa zone de confort pour rencontrer un client. Par politesse, pour le rassurer, pour ne pas se faire oublier ou encore pour donner un coup de main et faire de la diffusion par exemple. C’était il y a plusieurs années mais Vincent s’en rappelle encore. « C’était pour Volcanic. Je devais partir 3 ou 4 jours à Deauville. Cela faisait 10 ans que je n’étais pas parti en opé alors j’étais un peu angoissé. Mais on m’a mis en confiance et tout s’est très bien passé. Et depuis il peut m’arriver de me déplacer mais c’est rare. Ça dépend vraiment du client ».

Exercer la même activité que son conjoint, travailler en couple à la maison en faisant le choix de profiter aussi de ses enfants, créer des liens de confiance avec ses clients même à distance et privilégier les relations durables…Vincent et Virginie seraient-ils des extra-terrestres, ou bien déconnectés de la réalité ? C’est tout le contraire. Ils ont – peut-être sans le savoir – privilégié les relations humaines, qu’elles soient personnelles ou professionnelles. Un mode de vie où l’humain est un moteur, au quotidien. Ce qui pour eux est naturel depuis longtemps est aujourd’hui un élément de discours pour beaucoup qui cherchent à « remettre de l’humain » dans leurs relations, alors que le plus simple était de ne jamais l’avoir exclu. Alors non Virginie et Vincent ne sont pas déconnectés de la réalité. Ce sont plutôt des précurseurs.

 

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