Portfolio

Romain, un illustrateur évènementiel multitâches

Dans le secteur de l’évènementiel, de nombreux free travaillent pour des agences. Si certains free préfèrent changer d’agence une fois leur mission accomplie pour découvrir d’autres horizons, d’autres optent pour la permittence « au sein » d’une seule agence – généralement grosse – qui leur assure un certain confort. Et puis il y ceux, plus rares, pour qui la fidélité à une agence tient à son équipe, aux gens qui la composent et qu’on apprécie, et à qui on ne dit jamais non. Romain, graphiste/vidéaste/monteur/truquiste, en est l’illustration – une image qui lui plait bien dans la mesure où son premier amour reste la BD.

Je n’ai jamais dévié. J’ai fait le choix d’un job qui me plait.

On parle souvent de vocation pour la médecine, l’enseignement. Plus rarement pour le dessin. C’est pourtant le cas de Romain qui dessine depuis l’âge de 10 ans. « J’ai toujours aimé le dessin, la BD. Mais le système scolaire moins ». Alors rapidement il se tourne vers une école de design graphique privée qui privilégie le talent et la motivation aux résultats scolaires. Romain passe ainsi 3 ans à l’école Brassart de Tours où il développe de nouvelles compétences en digital, vidéo et animation. Puis il veut découvrir la vie, la vraie, celles des gens qui travaillent. Alors pendant 1 an il va travailler chez Picard. « Je viens de la classe moyenne, et j’ai eu une enfance heureuse. Je voulais un peu sortir de ma zone de confort, voir la réalité de ceux qui travaillent dur et qui parfois font un job qui n’est pas forcément leur premier choix. Ça m’a aidé à remettre pas mal de choses en perspective et à me dire que je ne devais pas lâcher ce qui me tenait à cœur, le dessin que je continuais à pratiquer tous les soirs, ni gâcher ce que j’avais appris ».

Romain fait alors la connaissance d’une association qui propose des animations BD dans des villages et des villes. Avec 2 membres de l’assoc, il développe l’activité d’animation 2D et 3D au profit de la Région, ou encore de mairies. Comme ça marche plutôt bien, l’un des membres du trio se dit qu’il est temps de montrer une vraie structure, une société. Mais ça ne tente pas vraiment Romain qui prend ses distances. Dans l’évènementiel on rencontre des gens, qui connaissent d’autres gens. Le bouche à oreilles est un excellent réseau social. C’est ainsi que le 26 décembre 2014 Romain décroche un rendez-vous avec Éric Vincent le patron de l’agence Volcanic. Le vidéaste qui devait travailler sur un événement prévu début janvier lui a fait faux bond et il faut d’urgence le remplacer. « Je m’étais mis en free seulement 6 mois avant. La première chose qu’il m’a dit c’est je te préviens, c’est la m… Il a à peine regardé ce que j’avais déjà fait. On a discuté et je me suis senti à l’aise tout de suite, j’ai aimé sa franchise ». Pour Romain c’est aussi un test : être capable de réaliser en 2 semaines 5 vidéos qui plaisent au client mais aussi pouvoir collaborer rapidement et efficacement avec les membres de l’agence. Et ça fonctionne immédiatement. « Laetitia est la première directrice de projets avec qui j’ai travaillé chez Volcanic. Elle a su comment me parler de la mission et du client. Par la suite j’ai travaillé avec Fanny. Et à chaque nouveau client c’est devenu de plus en plus facile de collaborer ».

A de rares exceptions près, je ne vois jamais le client en direct. Je préfère avoir un filtre.

S’adapter immédiatement aux méthodes de travail d’une agence est un prérequis lorsqu’on est free, et cela passe nécessairement par une bonne communication, et un bon chef de projet. C’est lui (ou elle) qui va transmettre les demandes du client à Romain afin qu’il les retranscrive sous forme de visuels pour les évènements. « Chaque client est différent. Je dois trouver où placer le curseur. Est-il plutôt sobre et carré, ou plutôt ludique et fun ? Je dois aussi savoir quelle mise en scène est prévue pour l’événement, les différentes animations afin d’être raccord. C’est le chef de projet qui m’explique tout, les goûts du client, sa personnalité, sa façon de s’exprimer. Je le vois également dans les mails. Une fois j’ai su qu’un client était fan d’une musique en particulier. Je l’ai utilisée pour une vidéo. Il était aux anges ».

Pour Romain un bon chef de projet ne se limite pas à transmettre un brief. C’est surtout un tampon entre le client et lui, un filtre nécessaire. « Mon travail dépend des infos qu’on me transmet. Les clients n’ont pas toujours conscience que leur rôle est énorme. Ils perdent du temps à les faire valider en interne par 15 personnes différentes, ou bien les changent au dernier moment. Tout cela a une incidence sur mes délais. Le chef de projet va savoir comment les gérer, comment leur parler alors que je pourrais être un peu sec et pas forcément diplomate avec eux ». Romain se rappelle notamment un client dont les « envies » changeaient constamment. « Je devais réaliser une vidéo pour présenter les mauvais chiffres de vente de l’année d’un client. C’était peu de temps après les attentats du Bataclan. Pour eux, la baisse de CA était liée au climat général en France à ce moment-là (crise des migrants, attentats…). L’argument était très moyen à mes yeux et il n’était pas question pour moi d’utiliser des images graveleuses ou racoleuses. Puis le client m’a demandé de mettre « Sunday bloody Sunday » comme musique sur la vidéo, une chanson qui n’est pas anodine. On glissait vers un truc très violent. Alors quand on m’a demandé, dans un mail, d’utiliser la photo du petit Aylan mort sur la plage pour justifier la baisse de leurs ventes, j’ai pété les plombs. C’était totalement en contradiction avec mes principes. J’ai demandé au chef de projet de voir ça avec le client car je ne voulais pas répondre à cette demande. Le lendemain j’avais un mail d’excuse du client qui admettait être allé trop loin. Et on s’est arrêté au premier choix de vidéo. Sans le chef de projet, j’aurai tout envoyé bouler ».

Cet événement a profondément marqué Romain. « Quand ils sont sous pression, pour un événement important, certains clients sont totalement déconnectés de la réalité. Il faut savoir leur parler, les recadrer parfois. Je ne sais pas le faire. Le chef de projet oui. Il est en première ligne et ça n’est pas facile alors j’admire ça. En fait même si je suis free je travaille pour Volcanic, pas pour un client. C’est à l’agence que je suis fidèle. Elle est vraiment à taille humaine et ça n’est pas un argument marketing. Il y a vraiment de l’humain dans nos relations. Quoi qu’ils me demandent j’accepte, même si je suis charrette, même si c’est à l’arrache et que je sais que je ne vais dormir que 5h par nuit pendant 3 semaines pour livrer un projet. Parce que c’est eux. Il y a beaucoup de leurs clients que je ne penserai jamais aller démarcher en solo. Certains sont déjà venus me voir pour travailler en direct. Et même si c’est mieux payé, ça ne m’intéresse pas. Je suis plutôt fidèle ».

Je ne sais pas planter un clou. Tout ce que je sais faire c’est des films, et dessiner.

Travailler avec Volcanic, c’est travailler en famille pour Romain. Et c’est ce qu’il aime. Mais il a également des clients persos qu’il choisit par conviction. L’art et l’histoire – et surtout leur transmission – sont des domaines qui intéressent particulièrement Romain. Alors quand il fait la connaissance d’une directrice de musée de sa région, passionnée par son travail, qui souhaite promouvoir l’histoire à travers des films auprès du jeune public mais dont le budget est limité, Romain n’a pas besoin de se poser de question. « L’argent ne fait pas partie de mes valeurs. Certains ont déjà agité un billet sous mon nez pour des projets mais ça ne marche pas. C’est une question de personne, de valeurs et du message qu’on veut vraiment faire passer. Mon premier devis pour le musée remonte à 4 ans. Pour la directrice comme pour moi, faire des vidéos de qualité était la priorité, surtout pour des enfants. Et je ne pense pas que la qualité soit toujours une question d’argent. La motivation, les idées, et bien sûr travailler correctement le fond comme la forme, avec du sens, peuvent suffire. Les retours sur ce que j’avais fait ont été bons, et depuis je continue de travailler avec eux quand ils en ont besoin ».

Faire des choix. C’est souvent ce qu’il y a de plus difficile quand on est free. Accepter toutes les missions ou en refuser ? Vivre en ville, à Paris pour faciliter les opportunités ou en province à la campagne pour un cadre de vie plus agréable ? Romain a choisi la Normandie, et il choisit aussi ses clients qui sont des humains avant d’être des entreprises ou des marques. C’est le cas de Volcanic, du Musée de Normandie mais aussi de TPE, d’artisans ou d’associations locales. « Il m’arrive de bosser gratos, pour les aider. Une fois un boucher m’a offert 2 poulets pour me dédommager de 2 ou 3 trucs que j’avais fait pour lui. C’était génial ».

 

Et puis un jour un pâtissier du coin lui demande de refaire un logo pour un nouveau biscuit qui va sortir. Un job ordinaire, mais Romain a d’autres idées. Son envie initiale de faire de la BD se rappelle en lui. « Même si je dessine tout le temps je n’ai jamais franchi le pas. J’avais du mal à me confronter au regard des autres, et à leur avis sur un travail perso. Mais je vais avoir 35 ans et je ne veux pas avoir de regrets ». Alors pour ce client Romain fait une proposition très illustrée, avec une véritable histoire qui utilise l’histoire de la ville où le biscuit est créé. « Ce projet reprend tout ce que j’aime, l’illustration et l’histoire. Je travaille dessus depuis un an et ça devrait sortir au printemps dans de nombreux lieux culturels de ma région. Ça n’est pas encore de la BD mais je me rapproche, petit à petit ».

 

Si vous aussi vous souhaitez raconter votre histoire ou illustrer celle de vos collaborateurs, appelez-nous, on vous refait le portrait