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Michel, un directeur de projets philosophe

Du cinéma à l’évènementiel il n’y a pas qu’un pas, en tout cas pour Michel. Il y a en a même eu plusieurs. Des pas de côté, initiés par des rencontres dans le milieu du journalisme et de la télévision qui l’ont conduit à devenir directeur de production/de projets évènementiels pour de grosses agences, avec de gros clients, et de gros budgets. Des expériences parfois contrastées mais toujours formatrices car Michel est un réel optimiste, convaincu que tous les problèmes ont une solution si on sait écouter, bien s’entourer et faire confiance aux autres.

Je voulais faire du cinéma. Ce sont les rencontres et le bouche à oreille qui m’ont conduit dans l’évènementiel.

A l’âge où certains jouent encore aux Playmobils ou aux Légos, Michel tient déjà une caméra Super 8. Son truc c’est l’image sous toutes ses formes, la photo et le cinéma. Très jeune, il remporte un prix télévisuel pour un reportage qu’il réalise sur une école d’équitation. C’est donc tout naturellement – et très rapidement – qu’il se tourne vers une école spécialisée, le Conservatoire Libre du Cinéma Français pour y devenir Assistant Réalisateur. En parallèle il continue à pratiquer la photo, beaucoup, ce qui lui ouvre les portes de revues littéraires où il s’essaie aussi à la rédaction, et donc au journalisme. « Ce qui m’intéressait dans la photo c’était de faire des portraits, de saisir des instants et de rencontrer les gens ». Puis son professeur de mise en scène du CLCF lui parle de la PAC, une agence de films publicitaires. Alors pourquoi pas ? Et une fois son diplôme en poche, Michel travaille pour cette société. « Vous vous rappelez la pub pour le chocolat qui coule sur une poire ? La première ? Mon premier job. Et on m’en parle encore ». A cette époque Michel rencontre également pas mal de comédiens qui vont lui ouvrir les portes du théâtre. Touche à tout, il y apprend le fonctionnement d’une pièce de théâtre, la régie et les lumières. Et toujours parallèlement, 1er Assistant de réalisation pour différents courts et longs métrages cinéma.

Ses parents n’ont aucune relation dans le milieu du cinéma. Mais dans la famille, quelqu’un connaît Noël Mamère. A cette époque, celui qui n’est encore que journaliste présente le journal télévisé sur Antenne 2. Il reçoit Michel dans son bureau, pendant 15 minutes où ils discutent. Et convaincu par son énergie, il l’emmène au planning des assistants réalisateurs du journal. Il intègre France 2 puis TF1 pendant 5 ans comme assistant de réalisation pour les journaux télévisés et grands magazines d’information. C’est dans ce milieu que Michel va rencontrer d’autres journalistes et réalisateurs connus du grand public, comme Jean-Paul Ollivier, avec qui il réalise des rétrospectives du Tour de France, ou encore Pierre Rossolin (réalisateur de « L’île aux enfants ») avec qui il collabore sur des programmes jeunesse. Curieux de nature, Michel s’intéresse aussi au journaliste d’investigation et participe à de nombreux reportages. Un jour, sur un plateau de TF1, il rencontre Bernard Golay, présentateur de l’émission crée par Guy Lux « La Une est à vous ». A ce moment il travaille sur une fiction policière ainsi que sur des émissions jeunesse. Un prestataire que Michel connaît lui dit alors que Bernard cherche un directeur de production pour l’agence de com évènementielle qu’il vient de créer. « Je n’avais pas trop de doutes sur mes capacités techniques mais c’est plus le mix avec l’argent qui me posait problème. Gérer un budget c’est autre chose. Je n’avais pas fait l’ENA ou une grande école de commerce. Bernard m’a encouragé, et j’y suis allé. Il m’a formé, m’a appris des méthodes de travail. Je me suis moulé dans l‘évènementiel ».

Quand le client devient un tiroir-caisse ça me saoule. Je suis un rebelle, pas un financier.

A l’époque la com évènementielle est un domaine très large. Pendant 5 ans Michel va faire ses preuves et travailler sur de nombreux projets. Spots de pub, marketing direct, conventions, séminaires, print ou encore des sites minitel pour de grandes entreprises…Michel est multicartes. « C’était une petite structure de 7 personnes, et l’on travaillait avec de nombreux prestas dans différents domaines. Au bout de 5 ans j’avais un peu fait le tour et j’ai décidé de me lancer en free ». Ce sont alors les grosses agences confrères  ( Market Place, Auditoire, Procitel, Peppermint, Publicis…) qui font appel à lui. L’une de ses premières missions consiste à organiser un événement pour le lancement d’une nouvelle automobile d’un grand constructeur français. Après ça, Michel sera rapidement catalogué « gros évènements », à savoir événement pour gros clients avec gros budget et beaucoup de monde (plus de 5 000 personnes). Il travaille pour les plus grandes entreprises françaises, C’est encore « l’âge d’or » de l’évènementiel, celui où les clients dépensent « sans compter » pour une inauguration, ou un lancement de produit. Il n’y a presque aucune limite.

Suite à un incident familial, Michel laisse la Direction de production pour se consacrer au versus commercial du métier. « L’agence avec qui je travaillais à l’époque était d’accord, à condition que j’intègre une équipe, et que je commence par chef de projet pour grimper les échelons, un peu comme à mes débuts. Et c’est ce que j’ai fait. Quand on travaille avec une grande agence, et de grands comptes, on marche sur des œufs. On doit faire attention à ce qu’on dit. On doit plaire à tout prix et finalement on perd le sens de ce qu’on fait. Où est le message ? Qu’est-ce qu’on cherche à vendre et pourquoi ? ». C’est pour se retrouver que Michel décide, fin 2002, de monter sa société. Et c’est en province, à Bordeaux, qu’il veut le faire. Il lui faut 1 an pour murir son projet. « Je voulais revernir à l’essentiel, le fond avant la forme. Je suis passé par le journalisme et pour moi l’échange et la compréhension des problématiques sont essentiels. Je voulais retrouver une proximité avec le client, une certaine franchise. Si un client veut monter un événement et qu’à mes yeux une campagne pub ou un site internet me semble plus approprié, je lui dis ». Et puis il y a les prestas, ceux que Michel recrute et encadre à chaque projet. « Je ne suis pas un créatif, plutôt un chef d’orchestre. Je dois trouver les bonnes personnes, les mettre aux bons postes et faire en sorte que l’équipe œuvre pour le projet. Pour que ça marche il faut savoir s’entourer, et déléguer. Quel que soit le poste on ne peut pas tout savoir, il faut faire confiance aux compétences des autres, et arrêter de penser que quelqu’un va vous voler votre poste. Le travail en équipe permet de confronter les idées, d’échanger, de modifier le projet si besoin. Je n’aime pas les raisonnements binaires. Il n’y a pas que le blanc et le noir. Entre il y a les nuances. C’est là qu’est la créativité, et pas uniquement dans la posture. Je ne suis pas dans l’égo mais le lâcher-prise. Mais il est vrai que cela peut prendre du temps pour y arriver ».

Je n’aime pas parler d’expériences négatives. Ça nous apprend toujours quelque chose.

Michel dit volontiers qu’on a les clients qu’on mérite. Il y a quelques temps il a travaillé pour une grosse entreprise de l’agro-alimentaire. C’était avec Volcanic. Il avait rencontré Éric Vincent, le patron de l’agence peu de temps après avoir créé sa boîte en 2004 et avait déjà travaillé avec lui sur des conventions. « Là c’était différent. Pour moi c’était comme une première fois. L’univers du client m’était totalement étranger. Et pour le client c’était aussi une première fois. Et toute l’équipe était dans le même état d’esprit. On avait plein d’idées, pas toujours faciles à décrire et à faire comprendre au client mais il nous a fait une confiance totale. Il était dans une réelle bienveillance et c’est rare. Et l’ambiance entre nous tous était géniale. Cela restera un de mes meilleurs souvenirs de grands évènements de ma carrière ».

Au rayon des souvenirs il y en a aussi de moins bons. Mais Michel ne parle jamais de mauvaises expériences. Ce sont surtout des déceptions humaines. Après tout, lorsque l’on fait confiance aux gens il arrive que l’on soit déçu. « Il y a quelques années de cela j’ai été contacté, avec un autre directeur de production, pour travailler sur un gros événement qui avait lieu un an plus tard. Le client n’était pas satisfait du suivi de son projet et nous avons étoffé au pied-levé l’équipe de l’agence qui était en place depuis 5 mois. Il a fallu rapidement apprendre à travailler avec le reste de l’équipe, et à coordonner nos actions. Mais ça n’a pas été le cas. Il bloquait nos idées et certains budgets, mettait une pression énormes sur les prestas, de jour comme de nuit. L’ambiance était tendue, et le client le ressentait. Je devais courir partout sans être épaulé par ce confrère, au contraire. Malgré ces tensions, l’évènement a été une grande réussite et lorsque le client est venu me remercier, j’avoue m’être effondré en pleurs. Ça n’était pas que le stress qui retombait, seulement un moment d’humanité retrouvé ».

Le stress fait partie du métier, Michel le sait. « Au début c’est juste : est-ce que je saurais faire ? Est-ce que j’ai assez de temps ? Il est différent à chaque projet. C’est à chaque fois une nouvelle expérience ». Alors pour l’éviter, ou le limiter, Michel ne pratique pas la boxe. Il s’entoure. « Au début de ma carrière je travaillais toujours avec une assistante fidèle. On s’appuyait l’un sur l’autre, avec nos compétences. C’est comme si le stress était moins lourd à porter à deux. Il y avait une sorte d’alchimie professionnelle. Même s’il peut y avoir une déception sur un projet, cela ne m’empêche pas de continuer à vouloir faire confiance aux autres, au contraire. Et ça m’a aussi appris à rester calme, posé en toutes circonstances ».

 

Si Michel aime la direction de projet, ça n’est donc pas un hasard. Du contenu client au travail en équipe, c’est ce mélange qu’il préfère. Quant au stress, il dit ne plus l’éprouver. « Ça ne sert à rien et ça empêche de réfléchir. Quand on est calme on est plus à l’écoute, on réfléchit mieux et on découvre des choses. J’arrive à avoir une vision claire et calme des choses. Quoi qu’il ça va se faire alors autant ne pas s’énerver ». Certains diront que c’est plus facile à faire quand on a 30 ans d’expérience, mais c’est aussi une question de caractère et d’envie de créer les conditions nécessaires à une bonne ambiance de travail pour la réussite d’un projet. Michel éprouve encore du plaisir à travailler dans la nouveauté avec des gens qu’il apprécie, agences comme clients. Alors il se laisse encore quelques années avant de raccrocher sa casquette et d’ouvrir, peut-être, un gîte dans le Bordelais. Toujours dans la relation, et l’humain.

 

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